Se former  ? Oui et si on retournait Se former ?

Mais c’est pas possible, j’aurais 32ans dans quelques mois, je suis célibataire sans enfant,… Je dois commencer une vie d’adulte un jour ! Oui et alors ?

Retourner en formation a été une évidence. L’accepter un peu moins. Pour la première fois dans ma vie, j’ai pensé à mon âge, à mon statut matrimonial, à la société,… Pour la première fois dans ma vie, j’ai eu peur de nager à contre-courant et de suivre mon cœur. La peur est une très vilaine chose qui nous paralyse avec des raisonnements souvent tirés par les cheveux.

Mais tu te formes dans quel domaine Christabel? Parce que depuis tu parles de formation, mais on ne sait pas ce que tu vas faire!

Cette passion, ce projet…

S’il y a une chose dont je suis convaincue, c’est que dans la vie, il faut se battre pour trouver ce qu’on est appelé à faire. Si être appelé à faire une chose est trop abstrait, trop complexe à saisir,… Faisons au moins ce qu’on aime sans trop réfléchir.

C’est le désir de voir aboutir un projet personnel que j’ai nourri au fil de années qui a motivé mon changement de métier. Oui parce que je vais changer de métier. Je considère plus cette étape comme une évolution qu’une reconversion classique.

Phase 1 : Bâtir des marques

A la fin de ma formation en Management du Luxe et de la Mode, j’ai eu conscience du potentiel du marché du luxe africain qui se développe à la fois sur le continent africain mais aussi au niveau de la diaspora. Afin d’apporter ma pierre à l’édifice et de contribuer, je me suis lancée dans l’aventure entrepreneuriale. Je suis Consultante en Branding et Stratégie de contenu. L’objectif était pour moi d’accompagner des entrepreneurs dans la création de marques fortes et pérennes en partageant mes compétences et connaissances professionnelles.

J’ai beaucoup appris. Grâce à plusieurs rencontres et plusieurs échanges, j’ai pu affiner ma cible et explorer en profondeur les industries créatives et culturelles. Pourtant, j’ai aussi fait un constat : elles manquent de maturité. Si les entreprises ont un réel potentiel, elles manquent d’accompagnement à divers niveaux (formation, logistique et transport, sourcing, …). En outre, les environnements politique, économique, social, pour ne citer que ceux-là, ne sont pas optimaux. Aujourd’hui, les décideurs, les acteurs d’institutions publiques en Afrique (francophone) ne considèrent pas ces industries comme digne d’intérêt.

Prenons l’exemple de l’industrie de la Mode. J’ai été outrée par les incohérences que l’on retrouve sur le continent. Plusieurs pays sont producteurs de coton mais pour avoir du coton de qualité, il faut passer par l’Europe. Aucun centre de formation ne reçoit d’aide de l’État, peu importe le pays. Les plus motivés se tournent donc régulièrement vers des institutions occidentales pour avancer dans leur projet. C’est le cas au Cameroun où l’ONG italienne Terzo Millennio s’est engagée auprès de la Fondation GACHA (qui œuvre dans la transmission des savoir-faire auprès des jeunes) pour aider à l’établissement de 206 actes de naissance de jeunes enfants non-inscrits sur les registres officiels.

On attend parler de luxe africain mais pouvez-vous seulement citer 10 marques tout secteur confondu qui respectent les codes du luxe? Je ne parle pas d’imitation. Je parle de tradition et de transmission.

Phase 3 : PRISE DE CONSCIENCE

Si mon ambition de départ était de bâtir des marques intemporelles, j’ai réalisé que cela ne peut se faire sans une structuration du marché, par ricochet, sans la contribution des acteurs publics. Il existe un fossé abyssal entre les acteurs privés (les créatifs, les entrepreneurs, les artisans, …) et les décideurs des États africains. De ce fait, mon objectif est de créer un pont pour permettre au potentiel de ces industries de se réaliser et qu’elles deviennent un fleuron des économies en Afrique. Mon rêve est que les créatifs racontent le continent à travers leur art sans être marginalisés. Mon rêve est de voir la filière des métiers d’art se développer afin que l’héritage du savoir-faire et des techniques artisanales soit préservé.

Chaque fois que la Maison Dior partage des Behind The Scene des défilés et nous montre le travail des petites —grandes mains— j’ai les yeux qui s’illuminent. De même, j’aimerais voir demain une maison internationale valoriser l’art d’exception africain.

Phase 3 : S’engager autrement

Cette génération plus que la précédente a énormément pratiqué l’autodidaxie. Et c’est une bonne chose. Mais concernant cette nouvelle orientation, je savais qu’il me fallait une formation classique —surtout pour un gain de temps. Face à mon projet, j’ai évalué mes connaissances. Certes, mes formations en Langues Étrangères Appliquées et en Management du Luxe et de la Mode me donnent une bonne connaissance de ces industries; mais je manque de connaissance quant à l’approche des politiques, des médias ou tout simplement de l’opinion publique. Je ne dispose pas de toutes les armes, de tous les atouts me permettant d’atteindre ma nouvelle cible. Aujourd’hui, je ne suis pas capable de définir et de mettre en œuvre des campagnes de lobbying. Je ne suis pas non plus très au fait des codes qui régissent les lieux de pouvoir.

C’est consciente de cela que j’ai pris une décision : je vais me former dans les domaine des Affaires publiques* et l’Influence pour représenter les intérêts des industries créatives et culturelles.

Rendez-vous en Septembre 2022!

Affaires publiques * :

Les affaires publiques sont l’art d’influencer les perceptions, les opinions et les actions des décideurs et autres parties prenantes influentes qui peuvent avoir un impact sur l’environnement ou les intérêts de votre organisation.

 

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